Les performances de Carrefour sont contrastées, loin des excellents scores de ses concurrents français Leclerc, Intermarché ou U Enseigne. Au quatrième trimestre 2023, ses ventes TTC ont augmenté de +10,2% à parc comparable (hors carburant), atteignant 25 Mds€. Mais cette performance en trompe l’œil est due en partie à la forte, voire très forte inflation, notamment en Argentine. Dans le même temps, son chiffre d’affaires au Brésil a baissé de -2,2%.
En France, dans un contexte de baisse de pouvoir d’achat, ses ventes n’ont progressé que de +1% en comparable (hors carburant) au quatrième trimestre : +0,3% seulement en hypers, +0,6% en supermarchés, +3,2% en proximité. A titre de comparaison, les ventes de Carrefour Espagne ont augmenté de +2,2% à parc constant, celles en Belgique de +6,5%.
"Notre objectif : renforcer notre compétitivité prix"
Lors de la présentation de ses résultats ce 20 février, le groupe a été pressé de questions d’analystes financiers inquiets de ses baisses de part de marché en France. Carrefour et les autres groupes intégrés sont bousculés par le succès de Leclerc notamment. Alors que Carrefour accusait une perte de part de marché de -0,3 à -0,4 point au cours du dernier trimestre 2023, la situation s’est détériorée en janvier, avec une chute de -0,6 point sur le total PGC-frais LS (Kantar).
Reconnaissant l’offensive forte de Leclerc en 2023, Alexandre Bompard (en photo), PDG de Carrefour, s’est voulu rassurant : "Nous devons réagir et nous avons commencé à le faire. Notre objectif est de renforcer notre compétitivité et de restaurer une meilleure dynamique de parts de marché en France".
Sur l’année 2023, Carrefour affiche des ventes totales en hausse de +10,4% en comparable, à 94,1 Mds€ TTC. "En 2023, Carrefour confirme la solidité de son modèle, dans un contexte d’inflation élevée en Europe, et continue d’améliorer ses performances économiques, a commenté Alexandre Bompard. Ces résultats sont le fruit du travail et de l’engagement exceptionnel des équipes et des partenaires franchisés de Carrefour. Ils confirment la pertinence du plan Carrefour 2026, dont les effets sont déjà perceptibles, avec une dynamique forte des ventes de marque propre, du e-commerce ainsi qu’une grande rigueur en matière de coûts."
Malgré 1,6Md€ d’économies réalisées l’an dernier, son résultat opérationnel courant (ROC) s’est pourtant érodé de -4,7% (2,26 Mds€), "essentiellement du fait des opérations en Amérique latine". Carrefour est notamment pénalisé par les coûts liés à l’intégration de Grupo Big au Brésil et par des effets de change défavorables. La marge opérationnelle courante du groupe s’établit à 2,7% (-0,2pt). Son résultat net (ajusté part du groupe) ressort toutefois en hausse de +7,6%, à 1,3 Md€.
Des ventes à +26% en e-commerce
Carrefour a été confronté à des ventes en volume en négatif sur ses principaux marchés. Dans ce contexte, les ventes de ses produits MDD Carrefour et premier prix Simpl’ ont bénéficié des changements de comportement d’achat des clients. Ces gammes représentent aujourd’hui 36% de son chiffre d’affaires alimentaire (+3 points). Carrefour vise 40% d’ici deux ans.
Point positif, l’activité e-commerce a progressé de +26% l’an dernier, à 5,3 Mds€ (Carrefour vise 10Mds€ en 2026). La hausse atteint +16% en France, "où Carrefour consolide son leadership sur le segment à forte croissance de la livraison à domicile", souligne le distributeur.
En France, son chiffre d’affaires 2023 s’établit en hausse de +4,7% en comparable, dont +6% en alimentaire et -4,9% en non-al. Le ROC a progressé de +18,5%, à 988 M€, soit une marge à 2,6% (+0,4pt). Commentant la reprise par son groupe de 31 Casino (ils passeront sous enseigne Carrefour en mai), Alexandre Bompard s’est dit "confiant dans la capacité de Carrefour à les redynamiser et améliorer leur rentabilité".
Ses ventes en Europe (hors France) ont augmenté de +5,5% en comparable l’an dernier, avec un ROC stable à 604M€. La Pologne a souffert des conséquences de la guerre en Ukraine. Enfin, en Amérique latine, le chiffre d’affaires a augmenté de +23,5% en comparable, gonflé par la très forte inflation en Argentine. Les ventes au Brésil ont chuté de -1,3% en comparable. Même son enseigne de cash & carry à succès brésilienne Atacadão est en repli : -1,1%.
Pour 2024, Carrefour table sur une amélioration de la situation macro-économique sur ses marchés et sur un ralentissement de l’inflation en Europe. "Carrefour aborde cette nouvelle année avec confiance, et poursuit sa trajectoire vers les objectifs fixés pour 2026", a positivé Alexandre Bompard. A noter que le groupe a annoncé un nouveau programme de rachat d’actions d’un montant de 700M€ sur 2024.
Frédéric Carluer-Lossouarn