Anti-gaspillage : les enseignes se lancent dans la démarche du label

Rédigé le 18/04/2023


Après l’hypermarché Carrefour de Montesson, c’est au tour d’un centre E.Leclerc situé près de Rennes, à Saint-Grégoire, d’obtenir le label anti-gaspillage. Franprix s’engage également. Voici pourquoi ce label peut permettre d’accélérer la démarche.

Tous les formats de magasins sont concernés, de l’hypermarché de 5000 m² au commerce de proximité de 250 m². Depuis le 1er mars, tous peuvent postuler au label anti-gaspillage. Le label anti-gaspillage ? Créé par la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire), article 33, celui-ci se traduit par des étoiles, de une à trois, obtenues d’après un audit mené par un organisme certificateur indépendant (Veritas, Ecocert…) portant sur 17 critères. Des critères qui vont des achats en amont à la gestion des invendus en magasin. Premier hypermarché à décrocher la palme, le Carrefour de Montesson (Yvelines) a été suivi il y a quelques semaines par le centre E.Leclerc de Saint-Grégoire, près de Rennes. Grâce à la vente des denrées à date courte à prix réduits tous les jours sous forme de paniers, mais aussi par les dons faits à des associations (20 000 repas par mois) et à des parcs animaliers, cet hypermarché de 7000 m² est le premier du Mouvement d’indépendants à avoir obtenu le label. Celui de Granville, déjà fort de deux étoiles, se portera candidat en juin. « Ce label nous permet d’intensifier et d’accélérer la démarche d’anti-gaspillage », explique son adhérent, Maël Le Moal. Toutes les enseignes sont dans les starting-block, avec, en ligne de mire, l’obligation de réduire de 50% le gaspillage alimentaire d’ici à 2025, comme le préconise la loi Agec adoptée le 10 février 2020.

14% du gaspillage provient de la distribution

Il y a du travail : 10 millions de tonnes de produits alimentaires sont gaspillés chaque année selon l’Ademe, pour 16 milliards d’euros. Or, 32% de ce gaspillage provient de la production et 14% de la distribution. A cet enjeu s’ajoute le coût induit par la casse, de l’ordre du résultat net d’un hypermarché, selon Pierre-Yves Parfait, directeur des partenariats avec les grands groupes de Too Good to go, soit 1,5% du chiffre d’affaires en moyenne. Le centre E.Leclerc de Saint-Grégoire a ainsi réduit son taux de casse à 0,21% de son chiffre d’affaires. A Granville, Maël le Moal, l’adhérent d’un centre E.Leclerc de 5400 m² l’estime entre 300 et 400 000 euros par an. En mettant en place des zones anti-gaspi avec des meubles proposant des produits proches de la date limite de vente à tarif réduit, en écoulant les invendus auprès d’un zoo de la région et d’associations, en proposant des paniers anti-gaspi dans son drive et au rayon des fruits et légumes, Maël le Moal a réussi à réduire de moitié la facture. A ses yeux, le travail d’implantation des produits est aussi essentiel.

Vingt Carrefour et dix Franprix

Dans la course au label, peu importe la taille. Carrefour, comme Franprix, n’hésitent pas à se lancer. Le premier annonce un objectif de vingt hypermarchés détenteurs du logo anti-gaspillage d’ici à la fin de l’année et l’enseigne proximité de Casino table sur dix magasins. Parmi les sept premiers, trois Franprix sont situés dans Paris, deux en banlieue parisienne et deux autres à Lyon et à Marseille. Le mérite du label? « Nous voyons le label d’un bon œil, explique Laura Pires, directrice RSE de Franprix. Il permet de structurer et de récompenser notre démarche mise en place depuis quelques années ». Viennoiseries du lendemain, fruits et légumes trop mûrs, produits en fin de vie à prix barrés : en un an, ce type de démarche a permis de doubler le volume de produits de la sorte vendus chaque mois en magasin (un million). Sans compter plus de 13 000 paniers anti-gaspi mensuels ont trouvé preneur via l’application Too Good to go. « Le défi, c’est de faire vivre ces actions au quotidien », conclut Laura Pires. L’objectif d’un label peut aider à motiver les troupes, essentielles aussi pour concrétiser ces enjeux.

Magali Picard