Le groupe Casino a annoncé ce vendredi 28 juillet 2023 avoir signé un accord de principe pour la restructuration de sa dette avec ses créanciers. Le distributeur a publié ce jour une présentation synthétique de ce plan. Linéaires vous livre les points clés de ce document.

La date line était fixée au 27 juillet. Le 28 au matin, le groupe Casino annonce la signature d’un accord de principe avec ses créanciers pour restructurer son énorme dette. Laquelle s‘élevait fin juin à 6,1 milliards d’euros. Voici ce qu'il faut retenir de ce plan de sauvetage.

1. Les acteurs du plan de relance
Dans le cadre de la procédure de conciliation lancée le 25 mai 2023, Casino négociait avec l’homme d’affaires Daniel Kretinsky de la société EP Global Commerce (EPGC) et le financier Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac). Dans la dernière offre réalisée le 15 juillet, ce duo, qui se retrouvait seul sur le dossier, s’est allié au fonds britannique Attestor pour former le "Consortium". Cette entité a reçu le soutien d’un groupe de créanciers composé des sociétés Davidson Kemmer, Farallon, Monach et Sculptor. Il s’agit du G4. L’accord de principe pour le plan de restructuration de la dette a donc été signé entre Casino d’une part et le Consortium, le G4 et quelques créanciers supplémentaires d'autre part.

2. L’accord financier pour réduire la dette
L’accord prévoit la réduction de l’endettement de 6,1 milliards d’euros (les estimations du montant à fin 2023, avant le plan de sauvegarde, s’élève à 8,1 Mds€). Le premier volet du plan porte sur un apport de fonds propres, en numéraire de 1,1 Md€. Le Consortium investira 925 M€, le reste (275 M€) sera garanti par des créanciers baptisé "Backstop Group". Lequel réunit Attestor, le G4 et d’autres intervenants  financiers impliqués. Le second volet consiste à transformer la dette en fonds propres à hauteur de 4,9 Mds€. Au final, ce montage permettra au Consortium de détenir plus de 50 % du capital du groupe Casino. Cela conduira inévitablement son directeur général, Jean-Charles Naouri, à perdre le contrôle de sa société.

3. Des prévisions revues à la baisse pour 2023
Au regard des mauvais résultats du premier semestre 2023, les repreneurs ont revu à la baisse les projections de chiffre d’affaires et de marges pour 2023 en France. Ils tablent pour un CA de 14.923 M€ pour un Ebitda (l’équivalent de l’excédent brut d’exploitation) de 214 M€. À titre de comparaison, ces indicateurs s’élevaient en 2022 à 15.490 M€ et 1. 199 M€. Rappelons que ces données ne sont que des estimations. Les difficultés que rencontre actuellement le distributeur pour relancer les enseignes Casino laissent présager une période très délicate à court terme.

4. La stratégie pour relancer Casino en France
Le Consortium présente quelques leviers clés pour relancer les enseignes Casino. Premièrement, il indique vouloir "adopter un positionnement sur les prix bas tous les jours et sur le long terme". Il entend également augmenter les dépenses marketing et améliorer l’assortiment de produits frais à travers l’ensemble des formats, "notamment via des partenariats / en concession avec des leaders de leur métier". Une annonce qui résonne avec la volonté de Casino d’installer des corners Fresh dans les hypers et supers Casino. Le Consortium déclare aussi investir massivement dans la rénovation des magasins et dans l’emploi pour progresser au niveau de la qualité de service. Graphique à l’appui, il promet d’injecter un peu plus de 400 M€ par an sur les quatre prochains exercices (2024/2028). Il testera de nouveaux concepts comme la mise en place d’un cash and carry, développera l’offre MDD ou encore relancera l’expansion, principalement via la franchise.

5. Le calendrier du plan de reprise
En septembre prochain, les repreneurs devraient signer un accord de lock up. "Il s’agit d’un accord duquel un signataire s’engage à soutenir et réaliser toute démarche ou action raisonnablement nécessaire à la mise en œuvre de la restructuration du groupe", souligne le communiqué de Casino. En octobre 2023, une procédure de sauvegarde accélérée sera ouverte. Le plan qui en découle devrait être validé par le Tribunal de Commerce en janvier 2024. La reprise sera effective au cours du premier trimestre 2024. D’ici là, l’accord prévoit plusieurs conditions suspensives et des engagements du groupe Casino vis-à-vis du Consortium. Plusieurs dossiers tels que les partenariats commerciaux engagés (Intermarché, Prosol) ne pourront pas être mis en œuvre sans l’accord des futurs actionnaires majoritaires.

Yves DENJEAN